Une enfance teintée de bleu

Publié le par Luserina - Le Temple Bleu

Après avoir beaucoup réfléchi, tenté de démêler le vrai du faux avec l'aide précieuse de ma famille et de mon ancien instituteur (CM1/CM2) me voici enfin en mesure de dresser une liste plus ou moins exhaustive de traits qui ont pu me caractériser durant mon enfance, c'est à dire entre 0 et 10 ans, le tout dans un souci d'objectivité et en reprenant les éléments de mon questionnaire (CAST) rempli lors du diagnostic.

Ceci a pour but de donner à certains d'entre vous se posant des questions sur eux mêmes ou leur enfant, un exemple de ce à quoi PEUT ressembler une fillette Asperger, sachant qu'on est tous différents au sein du spectre autistique et qu'il semblerait que mon profil soit à mi chemin entre la manifestation féminine du syndrome et ce qui est plutôt observé chez les garçons.

En ce qui concerne l'adolescence, je n'ai franchement pas envie d'aborder le sujet avec exhaustivité pour le moment, tout ce que je peux vous dire, c'est que dire que le passage au collège est généralement compliqué pour un aspie est un doux euphémisme.

La raison principale, je pense, est qu'au collège, il n'y a PLUS DU TOUT de temps de récréation avec des interactions tournées vers une activité, un jeu, quelque chose de plus ou moins planifié, maîtrisé (Pokémon en ce qui me concernait).

Au collège, l'on passe au niveau supérieur des interactions sociales : Bavarder. Parler juste pour parler. Parler comme occupation principale, nécessaire et suffisante, et de préférence à plusieurs. Et c'est là que je me suis retrouvée démunie.

Je parlais... mais sur une autre bande fréquence. Ou alors pas du tout. D'un seul coup, puis plus rien du tout. Ça captait mal. Puis ça re-captait, mais c'était alors l'autre qui ne captait plus...

De l'extérieur, on parlait de moi, « la fille complètement paumée, à l'ouest, qui n'a pas d'amis, qui capte Z et qui mélange tous les styles de fringues», comme d'un curieux phénomène. Que dire de plus ?

Voici donc pour la liste des traits :

  • Fillette (bébé) d'abord TRÈS calme, puis plutôt gaie, décrite comme très attentive à son environnement. Sur les photos les plus anciennes (0-6 mois environ), je remarque cependant que je pleure ou "tente de m'échapper" très souvent quand je suis portée et que j'ai l'air fatiguée, très concentrée ou de regarder dans le vide. Et puis d'un coup, ça a été le contraire : le même sourire "à pleines dents" sur toutes les photos.

  • Langage très précoce (14 mois)

  • Echolalie (répétitions « comme un perroquet ») immédiate et différée de conversations entières entre adultes pendant des promenades.

  • Possibilité d'entrer en contact (surtout avec ma mère), mais tendance franche à l'isolement, aux activités solitaires et plutôt répétitives, lesquelles étaient : les puzzles et les cubes, les alignements (jusqu'à l'âge de 7 ans) et toujours aux mêmes endroits dans un ordre précis. Si un adulte tentait de changer un objet de place, je le remettais systématiquement à sa place sans un mot, avec un regard "perçant" ou alors je balançais tout et recommençais de zéro dans le même ordre. Il y avait sinon les lectures peu variées (sans arrêt les mêmes livres ou peu s'en fallait), tourner en rond en décrivant un cercle de même diamètre...

  • J'envoyais très souvent, et très tôt (dès 2 ans), balader ma mère, qui demandait à jouer avec moi, en lui disant "pas maintenant".

  • Je détestais être interrompue ou surprise dans mes tâches et le manifestais (et je déteste toujours ça).

  • Je n'ai commencé à jouer de façon imaginative (faire semblant, histoires, etc.) qu'à 7 ans et de manière relativement calquée, non spontanée, toujours de la même manière. Toujours avec beaucoup de préparation (par écrit notamment, pour mettre en scène, faire des plans, des listes etc.) Avant cela, c'était surtout des rondes en solitaire, des chants, de la manipulation de jouets sous toutes leurs coutures (exploration par le toucher), des alignements, actionner les mécanismes, faire tourner les roues etc. ou plus rarement : de la reproduction de scènes de dessins animés etc. En fait...même après 7 ans, je voulais et pouvais parfois inventer des histoires mais la moitié voire les 3/4 du temps, je finissais par simplement étaler mes jouets sur le tapis et les contempler, comme une collection.

  • J'avais d'après mon grand père, des manies avec les objets. Je touchais absolument à tout, partout, tout le temps. Et surtout, certains objets avaient une place « immuable ». Le terme immuable lui est venu relativement spontanément en évoquant mon enfance.

  • J'avais une forte tendance à rester figée sur une activité proposée/montrée une fois par un adulte, à la ritualiser. On me montrait une fois comment faire un puzzle, je ne faisais plus que des puzzles en gros. Forcément, j'avais énormément de mal à initier de nouvelles activités.

  • (et forcément...) Quand j'aimais une activité, il m'était TRES difficile d'en sortir. C'était pas tellement les imprévus qui m'importunaient mais davantage l'interruption d'une activité, les transitions.

  • Aversion de la collectivité. Les gens pris à part ne me dérangeaient que modérément voire pas du tout à petite dose. En revanche, j'avais énormément de mal avec tout ce qui relevait du groupe, du collectif. ça me faisait "mal à la tête", ça me mettait excessivement mal à l'aise. C'est toujours le cas.

  • Peu ou pas de notion de ce qu'est l'amitié. En moyenne section de maternelle, je pensais qu'un ami, c'était quelqu'un qui faisait un cadeau. Donc dans ma logique bien aspie, pour me faire des amis, il fallait que je demande des cadeaux aux gens...Ensuite, en plus de mon problème de cadeaux (qui m'est passé plus ou moins à l'âge de 8 ans), je me suis mise à choisir mes amis selon des critères très précis. Notamment, il fallait qu'ils aient un prénom qui me plaise, par association avec quelque chose que j'aimais ou...juste comme ça. Sinon c'était juste MORT. L'indifférence la plus totale. Jusqu'à 6-7 ans c'était VRAIMENT ça. Et ça, c'est resté en arrière plan dans mon raisonnement pendant très longtemps. Grosso modo jusqu'à la fin du collège, voire...bien plus tard. Cependant, ça n'allait plus que dans le sens positif (si prénom moche = on s'en tape ; si prénom beau = je veux être amie avec.)

  • Si on m'embêtait, je comprenais pas très bien que c'était parce qu'on ne voulait pas être mon amie. Donc je m'acharnais. Sans trop savoir pourquoi. Je pouvais très bien par exemple en vouloir à la personne sur le moment et le jour d'après la chercher partout volontairement, comme si j'étais étonnée de ne pas la voir m'embêter comme d'habitude ou que tout simplement je n'avais pas compris que son comportement était hostile et le serait encore le jour suivant...

  • Quand je me faisais bousculer, j'avais comme un gros temps de latence ou de réflexion avant de me manifester aux adultes. Généralement, je restais "figée", je me "laissais faire", attendais que l'autre ait fini et ensuite j'allais en parler...ou pas.

  • Particularités sensorielles marquées (textures, images et sons, particulièrement.) Certaines images ou dialogues, voire mots me terrorisaient sans trop de raisons. De même, j'avais énormément de phobies plutôt atypiques et spécifiques, comme...les rideaux dans les supermarchés, les avions avec des banderoles publicitaires (oui oui...), les papillons et les étiquettes, notamment celles des chaussures.

  • Au niveau de l'alimentation, j'étais plutôt sélective, mais pas non plus dans l'excès. Pas de tri par couleur ou ce genre de choses. En revanche, j'avais des préférences marquées et assez spécifiques. Je n'aimais que certaines parties de gâteaux ou de fromages, par exemple que le bord ou que la croute, que certaines marques bien précises, etc. Et pour moi de façon générale, la texture était bien plus importante que le goût, et c'est toujours le cas. Certaines me donnaient la nausée, comme tout ce qui était "non homogène", par exemple la pulpe des jus de fruits, un morceau dur dans quelque chose de plutôt mou, tandis que j'en recherchais d'autres frénétiquement, comme le mousseux ou le crémeux.

  • Je partais en courant en me bouchant les oreilles lorsque j'entendais un disque qui sautait, ou pendant des moments précis dans des dessins animés (absolument pas "effrayants") et après, je me bouchais les oreilles, en anticipation du moment où ça allait sauter, du moment qui ne me plaisait pas dans le film ou juste "au cas où"...En fait, d'un point de vue extérieur, mon comportement semblait quelque peu "aléatoire", du coup personne n'y prêtait vraiment attention. Quand c'était remarqué (à l'école par exemple), on prenait cela pour de la "comédie". Mais de mon point de vue, c'était toujours en réaction à la même chose et j'étais vraiment effrayée. Pour préciser, je n'étais pas si jeune que ça puisque je m'en rappelle très bien. J'ai d'ailleurs encore ce genre de réactions... Par exemple, j'ai un souvenir de réagir très fortement à certaines animations (complètement anecdotiques) dans les jeux vidéo Pokémon de la première génération. Je me cachais alors les yeux et répétais "Ah ! Ah ! Ah !" ou "oh non pas ça !", ce genre de choses. A titre d'exemple, ces animations (de transition je crois?) me terrorisaient 1000 fois plus -jusqu'à m'empêcher de jouer- que des éléments du jeu pouvant être effrayants pour les autres enfants (qui eux au contraire, me plaisaient énormément.)

  • Sur le plan tactile : j'étais très câline jusqu'à environ 3-4 ans, et puis... plus trop. Je surréagissais même à certaines formes de contact physique. Je sursautais quand on me touchait à mon insu et me raidissais quand quelqu'un d'autre que ma mère dans la famille voulait me faire un câlin et/ou un bisou. Même avec ma mère, j'étais moins câline qu'avant mais avec les autres, ça a été radical.

  • Grande sensibilité aux détails. Par exemple : j'allais spontanément voir une tache/variation de couleur au milieu d'un tableau chez mes grands parents - qui me dérangeait fortement - mais pas ce que le tableau représentait. Pour moi, ce tableau, c'était "le tableau avec la tache moche en forme de poisson à rayures", et pas le paysage de campagne. Du coup, personne ne savait de quoi je parlais lorsque je me référais au tableau en ces termes.

  • Très calme à la maison mais malaise, crises imprévisibles et parfois violentes en dehors (exemple : à l'école, chez les grands-parents, au restaurant...)

  • Contact possible, mais divergent, "étrange", particulièrement unilatéral, parfois difficile. Je n'allais chercher que pour évoquer quelque chose de vraiment obsédant par exemple et pouvais parfois partir dans une logorrhée interminable à ce sujet, avant de m'éclipser de nouveau pour plusieurs heures.

  • J'avais tendance à être autoritaire avec les autres enfants, à les considérer comme des pions. Il fallait que les autres fassent, construisent exactement comme je l'avais en tête, sinon je me mettais en colère, me braquais. J'imposais mes idées, mon point de vue. Les rares jeu ou activités que je pouvais avoir avec quelqu'un d'autre étaient presque systématiquement initiés de ma part dans le but de tester un système (il faut savoir que pour moi, les jeux de faire semblant, c'étaient des « systèmes » avec toute une organisation derrière. Quelque chose de très codifié.) Il n'y avait que peu ou pas de partage, peu/pas de réciprocité, peu/pas de place laissée à l'autre. Je faisais venir l'autre pour tester mon organisation en gros. L'autre ne faisait que partie de mon système … et il était évident pour moi qu'il était content de participer. Je n'imaginais pas que l'autre pouvait ne pas avoir envie, avoir un avis différent, vouloir apporter sa contribution etc. Je n'avais aucun sens de l'échange ni de la collaboration en gros.

  • Je n'appliquais les règles de bienséance à la lettre que lorsque je les comprenais. Sinon ça me passait au dessus.

  • Extrême franchise : Je pointais beaucoup du doigt, mais pas de façon très...adaptée disons. ça donnait : "elle, elle est grosse", "lui, il est grand", "lui il a un gros nez", "elle, elle a une verrue" à voix haute, dans la rue et pas nécessairement dans le but de faire partager mes constatations. Je "pointais du doigt pour pointer du doigt" en quelques sortes. Parfois, j'allais voir les gens concernés pour leur dire directement.

  • Je parlais fort, un peu pour "masquer le bruit de fond" . De même, le tour de parole, c'était pas trop ça.

  • Comportement qualifié de surprenant à l'école. Je ne passais pas inaperçue. J'étais qualifiée d'enfant "caractérielle" ou "comédienne".

  • J'étais une excellente élève à l'école primaire, voire brillante à qui l'on attribuait notamment une très bonne mémoire.

  • Je retenais des livres par cœur et étais très attireé par l'écrit.

  • Tendance aux "manies", à la routine, mais c'était relativement bien accepté par ma famille car il s'agit d'un "trait familial" en quelques sortes (en gros: "ça rappelait l'arrière grand-père")

  • Je n'avais que très peu conscience des émotions et pensées des autres. Je semblais avoir des "amis" mais je les dirigeais ou n'hésitais pas à les dénoncer. J'allais jusqu'à les corriger ou souligner leurs erreurs, en passant dans les rangs par exemple. Je n'avais pas conscience de l'impact que ça pouvait avoir sur eux. Par exemple, je dénonçais sans arrêt celle que je considérais comme ma meilleure amie et ne comprenais absolument pas pourquoi elle boudait ou ne me parlait plus par la suite.

  • De mon point de vue, je faisais simplement mon travail d'"assistante de la maîtresse" auto proclamée...C'est un terme qui revient souvent dans la littérature du syndrome d'Asperger, et qui pour moi est très représentatif. J'étais une sorte d'Hermione Granger, en pire.

  • Insensible à l'injustice lorsqu'elle touche autrui. Ça c'est franchement pas quelque chose dont je suis fière... En CE1, il y avait un enfant handicapé dans ma classe qui se faisait humilier par la maîtresse quasiment tous les jours. J'étais globalement du même avis qu'elle, je n'imaginais pas du tout qu'il pouvait souffrir... Pour moi, il avait juste zéro en dictée et je trouvais cela improbable voire fascinant... J'étais juste curieuse de voir ses copies à chaque fois et fascinée par les chiffres (les notes) inhabituellement bas...Quand j'ai compris bien des années après, je m'en suis énormément voulue.

  • J'avais tendance à prendre les choses au pied de la lettre, voire au premier degré. Cela donnait une impression d'impulsivité car j'étais globalement perçue comme très intelligente et (surtout) très scolaire...J'avais notamment beaucoup de mal avec les expressions imagées comme "donner sa langue au chat" etc.

  • J'ai été qualifiée de précoce à l'âge de 7 ans.

  • J'avais de l'humour, beaucoup même, mais c'était souvent (très) mal calculé. J'allais BEAUCOUP trop loin dans mes farces sans en mesurer les conséquences (éclater une bombe à eau dans le sac d'un autre enfant en suivant un plan, dessiné, de ma conception et ainsi détruire toutes ses affaires, dommage collatéral que je n'avais pas du tout prévu... ; aller me cacher chez les voisins pour faire une blague à mes grands-parents; provoquer un malaise suite à une "fausse lettre de menace"...) à chaque fois, je m'attendais à ce que l'autre en rie, me trouve facilement ou devine que c'est moi qui ai fait la farce.

  • J'aimais les histoires drôles, MAIS j'avais tendance à rire sans cesse des mêmes blagues (celles que je comprenais) comme si c'était la première fois que je les entendais. Je les relisais en boucle, demandais à les réentendre, mais avais beaucoup moins tendance à les partager.

  • Je chantais, tournoyais, parlais et dansais très souvent seule, pour moi-même.

  • J'adorais les spectacles et aimais les reproduire seule, dans l'ordre précis du spectacle réellement vu, avec rédaction du programme, etc. J'ai utilisé une fois ma famille comme public, pour tester. J'avais besoin d'un « vrai public » comme élément de décor car j'avais toujours besoin d'un support très précis/le plus ressemblant possible, du plus d'éléments possible pour envisager de "jouer à faire semblant". Cependant, il n'y avait pas d'intention de partager quoi que ce soit ni de me mettre en scène (d'habitude, je n'aimais pas montrer ce que je faisais). Mon intention réelle était de tester le système du « spectacle », l'organisation.

  • J'"employais de grands mots" sans avoir conscience de leur sens, de leur intensité ou de leur impact, ce qui donnait une impression "théatrale".

  • Mon langage était plutôt "adultomorphe" avec quelques expressions inhabituelles quelque peu désuètes ("tu es bien bonne", "je n'ai guère...") parfois mélangées à des expressions plus familières...et ma façon d'aborder, d'entrer en contact, de parler, qualifiée d' "unique" par les enseignants, sans forcément parler de prosodie inhabituelle ou de voix monotone, ni de discours incohérent (au contraire). C'était juste... différent.  On sentait quelque chose d'inédit, sans mettre le doigt dessus.

  • Je voulais bien faire, aller vers les autres, faire comme les autres mais c'était difficile, "tendu", notamment car je n'avais AUCUN FILTRE. C'était peut être le trait le plus visible chez moi. Les enfants ont peu de tact en général, mais chez moi ça tranchait nettement et ça perdurait. 

  • Je voulais parfois aller chez les camarades, aux anniversaires ou à la cantine, pour essayer, mais une fois sur place, la plupart du temps, je me sentais mal et demandais à partir, parfois en pleurant ou en ralant, soit parce qu'il y avait trop de monde, soit parce que je n'aimais pas ou refusais les activités de groupe, soit parce que le lieu me déplaisait. Ou alors je finissais par me concentrer sur quelque chose qui n'était pas "social", comme les éléments du décor, les sachets de bonbons etc.

  • Démarche maladroite. J'étais raide. Mes bras se balançaient peu et mal lorsque je marchais (mauvaise synchronisation), chose qui fut corrigée par la pratique de la danse. Je ne savais pas attraper un ballon car ça allait "trop vite" vers moi. Il m'était impossible de prendre part à un sport collectif car je m'embrouillais/ne savais plus qui était dans mon équipe ni ce que je devais faire à tel moment, dans quel ordre, dans quel sens (c'est toujours le cas)...De plus, j'avais du mal à comprendre les règles. Il fallait me les expliquer longuement.

  • Très immature émotionnellement. Au théâtre, à 8 ans, j'avais, de façon spécifique, énormément de mal avec les expressions faciales des émotions et à les refaire sur commande, à comprendre le principe. Je disais, paraît-il, "non, je ne suis pas triste, alors je ne vais pas faire la fille triste". ça ne posait aucun problème à mes camarades.

  • Très (trop) "expressive" et pas toujours de manière adaptée (encore maintenant dans un autre registre). Je gesticulais beaucoup pour m'exprimer, criais, etc. et ne retenais rien au niveau émotionnel. J'étais davantage dans l'"excès" que dans l'effacement, plutôt sans gêne et bien sûr sans tenir compte d'autrui.

  • J'avais des obsessions, des focalisations ou des intérêts inhabituels, par exemple pour des maladies mortelles (la diphtérie, la scarlatine), les prénoms, les panneaux routiers, la rubrique nécrologique (parce qu'il y avait des noms et des chiffres, que ça ressemblait à des tableaux et que c'était présenté sous forme de liste), le Titanic, les catastrophes naturelles, le nombre d'habitants dans les villes, les numéros des départements...souvent circonscrits à un film, un livre ou à un chapitre d'encyclopédie précis connus par cœur, parfois avec un besoin pressant d'en parler (mais pas toujours) parfois une routine autour, comme pour les panneaux routiers qu'il fallait me lire tous les mardis soirs, lorsque je dormais chez mes grands-parents.

  • J'aimais faire quelque chose à un endroit, mais pas ailleurs. Ailleurs que dans un contexte donné, j'étais totalement indifférente à l'intérêt, à l'activité. Par exemple, j'étais très intéressée par les champignons, mais uniquement chez tonton et dans SON dictionnaire des champignons. Lire les mêmes informations sur les champignons ailleurs que dans son livre ne m'intéressait pas du tout. Du coup, paradoxalement, il était très difficile pour les adultes de savoir ce qui m'intéressait.

  • J'adorais les plans, les listes, les guides, les cartes, les lexiques, les dictionnaires, l'annuaire et les faits chiffrés étaient sources d'obsessions (température, heure, années, âges, notes, taille, poids, etc...)...

  • Je me cachais généralement pour vaquer à mes occupations, pour être assurée de ma solitude ou de ne pas être interrompue. Et lorsque j'ai commencé à comprendre (assez vite) que personne ne faisait les mêmes choses que moi (recopier des livres, réécrire les mêmes histoires en boucle, tenir des registres, faire des plans au lieu d'inventer des histoires etc.) et que mes centres d'intérêts n'intéressaient personne, ça a été encore pire.

  • A partir de 8-9 ans, j'ai commencé à avoir une socialisation plus adaptée, mais tout était globalement concentré autour d'un intérêt très fort (notamment Pokémon...)

Autant dire que je ne passais pas vraiment inaperçue. Cela dit, comme ce n'était pas non plus "spectaculaire", que je rappelais certains membres de la famille, que tout avait été mis sur le compte d'une précocité intellectuelle, que j'étais une petite fille "hautement" verbale et que je semblais avoir des amis, il n'y avait "rien à dire" de tout celà à l'époque (début-milieu des années 90), si ce n'est "surprenant" ou ... "atypique".

 

(issu d'un de mes albums photo)

 

Publié dans Diagnostic, Particularités

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O
J'adore ! Entre atypiques, on a tellement de traits communs c'est incroyable ! Et dire que je me croyais spéciale et unique quand j'étais petite ;) Au plaisir
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